Des fois j'ai juste envie d'en rire.
J'étais censé bosser ce 13 novembre 2015. Enfin, censé... Entre l'amorce d'un projet, la prise en contact avec les divers interlocuteurs et la faisabilité, il y a un monde. Bref, ce satané concert pouvait être le départ d'un chouette projet. Je garde d'ailleurs une relique des tests que nous avons fait avec mon cher Wally le jour d'avant. Dans les alentours de la Cigale.
Le suivant, de projet, parlait de stade de foot. Et ce match en était le "repérage".
Des fois, je me demande quel message on essaye de m'envoyer ;-).
Cela faisait déjà un petit moment que je parlais de voir un match à Dortmund. Pour un supporter marseillais, abonné de virage dans sa vie, c’est un peu le chemin de croix. Alors j’avais pas commencé bien, puisque quelques semaines auparavant, je m’étais gentiment fait rembarrer de la Bombonera. Il n’y avait pas de matchs mais le fait de voir le stade aurait déjà eu son pesant d’or.
Mais j’ai ma petite liste, et elle se termine d’une certaine façon par cet antre qu’est le BVB stadium (ou Signal Iduna Park si vous voulez).
Mes amis ne m’auraient pas suivi. Ils sont des aventureux mais pas à ce point. Je réfléchis un peu, mais à un moment je me lance dans ce genre d’escapade. La place pour le match, puis le train qui m’amènera à Dusseldorf, là où je louerai une voiture et filerai vers la ville à une centaine de kilomètres à l’est. Un petit hôtel sur la route et le tour est joué.
Donc ce mardi, j’ai filé à 5h du matin vers la Gare du Nord. 4h de sommeil plus tard, j’étais à Dusseldorf. Le temps de trainer un peu sur la route, me rendre compte que ce pays est quand-même très beau quand il y a un peu de soleil. La région est très verdoyante. C’est plaisant et très calme. Une impression de respirer. J’en ai profité aussi pour faire un petit passage par Wuppertal. 5 ans auparavant j’avais fait 1200kms pour voir ces métros-volants, unique au monde.
Direction le stade. J’y vais un peu comme un marseillais, beaucoup trop tôt. Presque 3h avant le match. On est seul dans ce grand stade, alors que les allemands sont en train de se la coller à l’extérieur. Quel endroit dingue. Majestueux.
Bref, après on sait ce qu’il s’est passé. Et bizarrement je l’ai senti encore une fois que ça allait être spécial. Je ne voyais pas le stade se remplir, alors qu’il y avait un match dans 20 minutes. Le mur jaune était parsemé de monde, inhabituel…
Je suis rentré comme un con à l’hotel, très agacé et juste triste de voir que si je restais, ça allait être encore beaucoup de bordel. L’énergie que j’avais mis dans cet instant s’était un peu évaporé. C’est ce truc que je retrouve dans mon boulot et que je n’arrive pas encore à comprendre, cet instant d’excitation qui fait que tout devrait être fait sur l’instant créatif, passé le moment, c’est un raté monumental. Et puis, je peux dire aussi que, l’espace d’un instant je me suis remis un peu à avoir peur, mais un très court instant.
Je ne veux pas ouvrir des brèches à dire « le bataclan, et après ça » parce que ce sont vraiment deux évènements ultra-opposés, mais quand j’ai compris qu’il y avait eu une bombe (je comprend pas l’allemand, j’ai mis du temps à savoir la chose) ça m’a foudroyé au fond de moi. Je me suis dit…pas encore. Et après, à l'heure où j'écris ces lignes, on ne sait rien de cet "attentat". Du terrorisme ? Vraiment ? Brefs entre le "13 novembre" et le "11 avril" il n'y a peut-être pas de connexion terroriste. Surement une connexion de l'ordre de "l'exceptionnel". Je suis la victime de situations exceptionnelles en fin de compte. C'est dingue.
Enfin, dans mon pseudo-malheur, j’ai quand-même découvert Dusseldorf. Et c’est une petite réussite cette ville tiens. Je voulais y passer du temps dans tous les cas, et c’est pas perdu, tellement agréable. Ça a adoucit mes (mon ?) chakras.
T’inquiète le mur jaune, je reviendrai.